Jean-Louis PREVOST dit Le Jeune (Nointel, 1745 – Paris, 1827)

Nature morte à la corbeille de fleurs, vase et ouvrages sur un guéridon

19 x 26,3 cm

Plume, lavis d’encre, aquarelle et gouache
Signé en bas à gauche Prévost le Jeune

Provenance :
• France, collection particulière.

Bibliographie :
• Gabriela Lamy, « Les Prévost, peintres de fleurs : des jardins de La Celle-Saint-Cloud à l’expédition La Pérouse en passant par Trianon », in Bulletin du Centre de Recherche du Château de Versailles, France, février 2017.
• Eik Kahng, Marianne Roland Michel, Anne Vallayer-Coster : peintre à la cour de Marie-Antoinette [exposition], Marseille, Musée des Beaux-arts, galeries de la Vieille Charité 12 avril-23 juin 2003

Peintre de fleurs par excellence, Jean-Louis Prévost dit Le Jeune évolue dans un environnement artistique florissant. Parmi la fratrie des Prévost, Jean-Louis, Guillaume et Jean-Jacques Prévost reçoivent chacun à leur tour entre 1754 et 1762 les leçons de dessins de plantes à la manufacture de porcelaine de Sèvres, données par le célèbre peintre animalier Jean-Jacques Bachelier (1724-1806).
Les trois frères se font connaître pour leur participation à d’importants travaux de recherche concernant l’art des jardins à la fin du XVIIIe siècle réalisant ensemble, entre 1763 et 1768, un exceptionnel herbier peint de la collection de plantes « distribuées par classes, par genres et par espèces, suivant l’ordre observé au Jardin des Plantes du Roy à Trianon » appelée l’Horti Cellensis Plantarum Icones, véritable cabinet de curiosité à ciel ouvert témoignant du goût et de l’intérêt grandissant au cours du XVIIIe siècle pour la botanique et l’horticulture. Engagés par le fermier-général et grand collectionneur de botanique Jacques-Jérémie Roussel (1712-1766), les frères Prévost produisent pour cet ouvrage plus de 1800 dessins, représentant toutes les plantes du jardin du château de La Celle Saint-Cloud, propriété de Roussel.

Guillaume Prévost rejoint l’expédition La Pérouse entre 1785 et 1788 accompagné de son neveu Jean-Louis-Robert, fils unique de Jean-Louis qu’il ne reverra par ailleurs jamais. Pendant ce temps, Jean-Jacques et Jean-Louis intègrent l’Académie de Saint-Luc, suivant ainsi une carrière plus académique que leur frère Guillaume. Jean-Louis y figure de 1791 à 1810.

Notre œuvre témoigne de l’influence de l’enseignement du père de l’artiste ainsi que de son goût personnel pour les objets en céramique admirés à la manufacture de porcelaine. Dans notre œuvre, l’attention se porte naturellement vers le centre de la composition présentant un formidable exemple de vase aux bas-reliefs inspiré de l’Antique, traditionnellement ornés de putti ou bacchanales, monté ici sur un piédouche en bronze doré.
Au-delà de l’étude de plantes, nous connaissons quelques compositions plus ambitieuses que l’artiste agrémente de nouveaux éléments. Il s’agit de démontrer sa virtuosité à représenter les objets silencieux qui l’entourent à travers l’illustration de tables servies agrémentées de cartons à dessins que l’on aperçoit ici au premier plan et dans lesquelles Prévost inclut presque systématiquement un ou plusieurs éléments en céramique que ce soit un service à thé (ill. 1), des assiettes (ill. 2) ou comme ici à droite de la composition un gobelet d’inspiration antique à décor de ménades dansantes.

Jean-Louis Prévost s’inscrit dans la lignée nordique des peintres tels que Rachel Ruysch (1664-1750) ou Jan van Os (1744-1808) (ill. 3) qui intègrent des éléments antiques à leurs natures mortes. Ses œuvres évoquent son éducation raffinée ainsi que ses années d’étude assidues lui permettant de rendre avec une grande précision chaque espèce florale du bouquet représenté à gauche de la composition.
La clarté de l’ensemble se révèle par un travail attentif sur les effets de lumière, particulièrement dans la représentation du bas-relief du vase qui semble par ailleurs avoir fasciné l’artiste puisqu’on le retrouve dans plusieurs autres œuvres (ill. 4) ainsi que chez les artistes de sa génération qu’il inspira dont la fameuse Anne Vallayer-Coster reproduisant, elle aussi, ces vases sculptés (ill. 5).

L’intérêt de l’artiste se découvre aussi dans un méticuleux travail sur le rendu des matières. En bon coloriste, il rehausse ainsi par des touches de couleurs plus vives le trompe-l’œil du support de marbre veiné rouge rappelant le plateau de la table sur lequel repose l’ensemble. Bien que la surface de l’œuvre soit plane, l’œil est ainsi trompé par une perspective adroitement reproduite. Prévost parfait son œuvre en apportant de la brillance au vase : la lumière qui s’y reflète est rendue par de fines touches de gouache blanche. L’ensemble se détache d’un fond brossé brun clair que l’on retrouve chez nombreux de ses contemporains dont Vallayer-Coster.

Le goût pour la botanique, initié par le rôle du Jardin royal des plantes fondé en 1635, puis par l’Académie royale des sciences créée en 1666 se poursuit au XVIIIe siècle par des études précises sur la flore sous forme de dessins, gravures, aquarelles sur papier et miniatures sur vélin. En 1805 est publiée la Collection des fleurs et des fruits, peints d’après nature par Jean-Louis Prévost (ill. 6). L’ouvrage servit de modèle pour de nouvelles idées d’ornementation pour artisans tels que les ébénistes, orfèvres, brodeurs, ou peintres de porcelaine.
Collectionné de son vivant, l’œuvre de Jean-Louis Prévost se retrouve aujourd’hui dans des collections publiques françaises dont le musée des beaux-arts d’Angers ou de Besançon.

M.O

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