Paul DELVAUX (Antheit, 1897 – Furnes, 1994)

Vue d’un canal

5,5 x 13 cm (à vue)

Crayon noir
Cachet au verso « Paul Delvaux Carnet n°7 Page 3 B »

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :
• Virginie Devillers, Paul Delvaux : le théâtre des figures, Éditions de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1992
• Z. Barthelman et J. Van Deun, Paul Delvaux, odyssée d’un rêve, Fondation Paul Delvaux, Saint-Idesbald, 2007

Classé en tant que postimpressionniste, expressionniste puis surréaliste, la carrière de Paul Delvaux fut aussi riche que variée. Enfant passionné par le dessin qu’il pratique très jeune, le jeune Delvaux dirige naturellement sa carrière vers la pratique artistique.
Après une formation à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles auprès du peintre symboliste Jean Delville (1867-1953), Delvaux découvre et se fascine pour le travail de James Ensor (1860-1949) puis Giorgio de Chirico (1888-1978) dont l’œuvre lui permet de comprendre le surréalisme lors de l’exposition de son travail à Bruxelles en 1934. Éternel insatisfait, Delvaux détruit nombreuses de ses œuvres dans les années 1920. Après quelques œuvres classées tantôt dans un réalisme parallèle, tantôt dans du surréalisme, il est enfin invité à exposer à l’accrochage des surréalistes de Paris en 1938.

Intrigué par l’œuvre de René Magritte (1898-1967) dont l’ingéniosité de composition le marque profondément, Delvaux commence à travailler et à sélectionner quelques thèmes et sujets qui deviendront récurrents puis omniprésents dans ses œuvres. Il s’agit de femmes nues, d’hommes vêtus de costumes à l’attitude figée et hiératique pris dans des paysages ou vues urbaines fantasmés, reproduisant une forme de réalité personnelle.

Notre dessin est une représentation d’un canal, probablement inspiré par l’un de ces chemins de fer qu’il aime tant et qu’il fait apparaître de nombreuses fois dans son œuvre. Les chemins de fer sont, plus qu’esthétiquement intéressant, l’allégorie du progrès et du changement comme un écho à sa propre carrière.

Dans cette œuvre qui semble préparatoire à une œuvre peinte plus ambitieuse, l’artiste utilise le crayon noir, presque estompé pour représenter l’atmosphère brumeuse souhaitée. Notre composition a probablement servi d’inspiration pour réaliser une partie de sa fameuse œuvre L’Abandon et l’un de ses dessins préparatoires à l’encre de chine (ill. 1) conservé au musée d’Ixelles. La partie de l’œuvre représentant une vue ouverte sur l’extérieure est proche de notre composition, dont le trait vertical appuyé à gauche de l’œuvre rappelle les colonnes qui structurent le balcon dans l’œuvre finale. Propre à l’œuvre surréaliste, le spectateur est invité à faire travailler son imagination et adopter un second point de vue : notre dessin pourrait être une représentation d’un lac calme sur lequel flotte quelques barques animées de personnages.

Sans jamais rejoindre le groupe des surréalistes créé par André Breton, Delvaux sera cependant bien inspiré, tout au long de sa carrière, par la plupart des grands noms de ce mouvement.
En 1979, 15 ans avant sa mort, Paul Delvaux crée la fondation Paul Delvaux pour la bonne conservation de son œuvre et la transmission de son travail. Nourrie d’une grande partie de sa collection personnelle, la fondation compte la plus grande collection de toiles, dessin et estampes de sa main. Il y lègue également ses archives et plus encore, la gestion de ses droits d’auteur.

M.O

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