Henri-François RIESENER (Paris, 1767 – 1828)

Portrait d’homme en buste à la veste de velours violine et collet blanc

65,4 x 53,8 cm

Huile sur toile
Signé et daté en bas à droite Riesener 1809

Provenance :
• France, collection particulière.

Bibliographie :
• Une dynastie d’artistes : Les Trois Riesener, catalogue de l’exposition de la Galerie des Beaux-Arts, Paris, 1954.

Pris entre deux siècles, Henri-François Riesener naît en 1767 dans un milieu artistique en recevant une première initiation à l’art de son père Jean-Henri Riesener, le célèbre ébéniste de Louis XV, puis de Louis XVI. Le jeune artiste étudie par la suite sous l’égide d’Antoine Vestier (1740-1824), qui redirige sa carrière vers l’art du portrait. Les annales des écoles de l’Académie mentionnent qu’il fut un temps élève de François-André Vincent (1746-1816) puis de Jacques-Louis David (1748-1825) avant que sa carrière ne soit brutalement interrompue par le service aux armées puis par la Révolution. Riesener participe donc une première fois au Salon en 1793 puis une seconde fois en 1799 avant d’exposer régulièrement jusqu’en 1814 où il reçoit la grande médaille d’or à l’effigie de Napoléon. Les livrets de Salon recensent une large production de portraits féminins et masculins dont les maigres descriptions ne permettent cependant ni de les identifier ni d’en déterminer l’exacte datation.
Le retour des Bourbons au pouvoir freina le nombre de commandes de l’artiste qui choisit de partir pour la Russie de 1816 à 1823. De passage à Varsovie, il fait la connaissance du grand-duc Constantin qui le présenta par la suite à l’impératrice et à l’empereur Alexandre. Pendant ces sept années, Riesener rencontre un franc succès. Il sera chargé entre autres de peindre les célébrités de l’aristocratie et du haut commerce de Russie.
Formidable portraitiste, ses œuvres furent louées de son vivant engageant de nombreuses commandes, à tel point qu’il en réalisa parfois de nombreuses répliques.

Bien que l’identité de notre modèle demeure incertaine, notre tableau, daté 1809, est un bel exemple des commandes françaises sous l’Empire, reçues avant son départ en Russie. Dans sa simple présentation, l’artiste dépeint le portrait d’un homme en buste, légèrement de trois-quarts. Éliminant les détails superflus, Riesener dépeint son modèle d’une élégante simplicité : il porte un habit de velours violine à large rabats et un collet d’un blanc éclatant élégamment noué, caractéristique de la mode Empire.
À cette époque, les collets ou cravates exigeaient plusieurs mètres de coton extrêmement coûteux. Ils étaient parfois si large qu’ils remontaient parfois jusqu’aux oreilles comme le montre notre portrait, et nécessitaient une aide pour le nouer convenablement.
La chevelure argentée et ébouriffée est savamment organisée. Le modèle est coiffé à la dernière mode, celle qui fut appelée « à la Titus », mettant un terme aux perruques de l’Ancien Régime et établissant ainsi une filiation avec les principes républicains de la Rome et de la Grèce antique.

Tout comme son éminent contemporain Jacques-Louis David Riesener présente la plupart de ses modèles sur un fond neutre, d’une couleur cuivrée et souvent brossée. On retrouve ce fond dans d’autres portraits de l’artiste dont celui de son père (ill. 1) inspiré par le travail de David. Ce fond permet de faire jouer la lumière, du visage aux textures, et concentre l’attention sur l’expression faciale. La psychologie ainsi capturée du visage de notre modèle laisse percevoir la bienveillance de cet homme posant sereinement devant le peintre qu’il fixe de ses yeux bleus dépourvus de toute méfiance. La virtuosité du pinceau de l’artiste participe à rendre l’œuvre émouvante et son modèle presque transcendé. L’aspect direct et presque familier de notre portrait pourrait par ailleurs laisser penser que les deux hommes se connaissaient intimement.

À son retour de Russie, Henri-François Riesener retrouve sa femme, son fils mais aussi le succès. Cette épopée lui aura permis de s’établir comme peintre indépendant dont les portraits ravissent l’œil de ses plus éminents contemporains. Il est un excellent coloriste, reconnu par ses aînés pour la vérité émanant de ses portraits lui permettant de vivre, « au-dessus du besoin ».

Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en préparation sur l’artiste par Monsieur Alexis Bordes et Monsieur Philippe Nusbaumer.
M.O.

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